dimanche 7 août 2011

Londres: ce que j'ai un jour eu envie d'écrire à Patrick Lagacé (AJOUT)

Ça m'a fait un coup au ventre. Quand j'ai vu les images dans les médias aujourd'hui, j'ai revu ce que j'ai cru imaginer un jour. Loin de moi l'idée de vouloir faire une mise en scène dramatique, mais selon moi, il s'agit bel et bien d'un drame, si long et sinueux qu'il se tort lui-même trop souvent en comédie.

Moi, je garde tout. Les emails, les post-its, les souvenirs non-oubliés, tout (toutE). Je suis allée relire ce que j'avais à dire lors de mon retour à Montréal, alors que l'affaire Villanueva faisait rage dans l'actualité. Venant d'ou j'étais allée, je trouvais ça non seulement dommage, je trouvais ça complètement marde.

Alors j'ai décidé de briser ma propre confidentialité de mes droits d'auteur emailesques, en vous retranscrivant ce que j'avais à dire en voyant ce qui commençait à se passer "chez-nous".

PS: Veuillez noter que je parle d'un projet de livre sur lequel je travaille, il s'agit en fait d'un projet expérimental de procrastination maximale. Donc, encore aujourd'hui, mon coup dans le ventre me dit que j'ai des choses banales d'importance à dire, qu'il reste encore à écrire.

NB: Quoi que la situation se soit calmée… je suis certaine que le compte à rebours d'un an d'ici les Olympiques n'apaisera en rien mes anciens élèves chéris, qui malheureusement, ont la haine en eux.



Ici la fameuse prof d'anglais qui t'as un peu fait rire avec mon épopée d'appréciation progressive de ta personne dans les médias. Depuis, j'ai compris qu'on a même un ami facebook en commun. C'est du spectaculaire!Plus sérieusement, la raison de ce email tardif (encore) n'est point mon historique de spectatrice de la grande fanfare des médias. C'est plutôt un sujet que j'ai cru bon de te parler, comme une bouteille à la mer qu'on ramasse, ou pas car on se rend compte que c'est une Labatt 50 sans bouchon. Je me sens presque philosophique.

Voici donc. Je sais que tu as pas mal couvert Montréal-Nord. Pour moi Montréal-Nord,c'est deux choses qui se contredisent presque. C'est un ghetto isolé au Québec donc les gangs de rue n'envahissent pas, disons-le, les régions pour le moment. D'un autre côté, c'est aussi le signe d'alarme qui n'annonce rien de mieux qu'une genre de pandémie de violence. Mais j'en parle car j'ai vu pire. J'ai vu le virus étalé à grandeur à travers le Royaume-Uni, bien sûr particulièrement pathétique à Londres et quelques autres grandes villes.L'an dernier, j'ai habité à Edmonton, un quartier du nord est de Londres. J'y travaillais comme assistante de français dans une école secondaire-collégial avec pleins de jeunes Ali G en uniformes. Le soir après la tombée de la nuit, les gens ne marchent pas dans les rues, même s'il est 7 heures du soir.Il y a des "hoodies", ces jeunes qui prennent beaucoup de place, venant de différents background culturels, qui sèment pas mal la terreur et qui rendent aussi les gens plutôt paranos et fermés.

En Angleterre, la majorité des jeunes de 13 à 18 ans portent sur eux des armes blanches. Ils les construisent souvent eux-mêmes, mais des fois ils ont simplement une machette ou un couteau de cuisine accroché à leur pantalon fond de culottes. En quelques mois seulement, 4 ou 5 morts étaient survenues dans mon coin. L'un d'eux était un ancien étudiant de mon école ghetto...qui était pourtant devenu étudiant à l'université mais qui semblerait-il avait de mauvaises connaissances. Un jeune a été poignardé en pleine rue en plein jour, en fait vers 15h à la sortie des classes, et lorsqu'un kid d'environ 15 ans s'est fait abattre par un gang rival, la plupart des écoliers qui trainaient autour par hasard ont éclaté de rire devant la scène. Pas de cris, pas de pleurs. De l'humour. Dans un endroit ou le contraste avec Westminster ne pourrait être plus flagrant. Pourtant à quelques kilomètres de distance, à Westminster, il n'y a plus de poubelles publiques à cause des craintes de terrorisme, et des nettoyeurs ramassent constamment les déchets dans les lieux publics. Dans Hackney (endroit encore plus chaud pas très loin) ou Edmonton ou Tottenham (comme l'équipe de foot du même nom) il y a des poubelles mais j'ai souvent été témoin qu'une grande minorité jettent carrément leur hamburger par terre pendant qu'ils marchent, puis jettent le carton, puis la liqueur un peu plus loin. Des fois, je pouvais jouer à Hans & Gretel juste en retraçant les nombreuses pistes laissées formant un chemin d'os d'ailes de poulet, très populaires d'ailleurs. Les gens expliquent cela comme quoi personne ne fait rien pour eux...pourquoi ils préserveraient l'environnement pour leurs futurs enfants? Pourquoi recycler? Souvent...ce sont des minorités ethniques...qui sont assez majoritaires dans les environs. Et les "locals" qui se voient envahis, particulièrement depuis une dizaine d'années...ils m'ont souvent chuchoté des murmures racistes lorsque je les intéreogeais sur des choses. Ex: l'autobus est pas fiable à Londres car....it's because of the immigrants! Toujours en murmures....toujours les immigrants. Et souvent...ils étaient eux-mêmes d'anciens immigrants de longues dates, qui méprisent les avantages jugés trop généreux aux actuels nouveaux arrivants. (Dont ils ont d'ailleurs besoin pour combler les postes qu'ils ne désirent pas.) Vraiment…autant anglophile suis-je, je suis mystifiée par ce constraste ahurissant, et par la violence latente (puis des fois non) que je vois parfois dans la culture Britannique.

C'est un peu une vision d'horreur de ce que deviendrait Montréal-Nord si la ghetto-isation se continue...Là-bas ils se savent trash par moment...mais ici on a aucune idée des problèmes sans fin de la société anglaise actuelle, et on ne le découvre pas en passant par Buckingham Palace (The Excitingly Boring) ou Harrods. J'en aurais long à dire, et d'ailleurs je travaille sur un projet d'écriture racontant mon expérience surréelle au pays de Mary Poppins. Je n'ai vu que ce qu'il était possible à une personne de constater comme dégâts. Le portrait d'ensemble est fort pire. Mais en même temps, c'est la proximité de ce monde si triste et sans espoir qui fait le plus peur. Et le fait que cette violence voyage...d'abord dans le Double Decker Bus, puis dans le Tube....puis toujours un peu plus loin et un peu plus creux. Tu devrais demander un billet d'avion à Télé-Qc pour enquêter un jour. Sinon c'est moi qui le ferai avec ma carte de bureau de cegep comme tentative de carte de presse. En espérant ne pas trop t'avoir assomé d'annecdotes de l'apocalypse sociale. D'ailleurs....je me suis surprise à prédire une grande crise sociale au UK… avant même celle du crédit… et par le fait même, des fois je pense, peut-être pire.

Ali G: "Jezzy, iz you wearing green? I knew it - you iz defected to the Iver 'Eath posse, innit? Come on - let's stab him! ". Sur ces paroles de sagesse, cheerio.


PS: Comme d'habitude, aucune relecture pour correction n'a été faite à mes risques et périls!


Notez que je n'avais aucun souvenir de l'avoir tutoyé comme un vulgaire animal de compagnie.


"With budget cuts leading to the loss of facilities that kept many inner-city youths occupied, experts predict a rise in crime."

"For Aaron the dangers of the street are real. His friend Negus McClean bled to death from stab wounds to his chest after he was attacked by a gang in nearby Edmonton. His attackers have not yet been arrested.

"People are getting stabbed these days over postcodes ... people getting stabbed up, people getting robbed, their house burgled, bare stuff is going on right now. Bare stuff, it's crazy." "

10 commentaires:

  1. T'es folle! Mais je t'adore!
    C'est vraiment quelque chose, cette histoire. C'est inquiétant, étrange et vraiment stupéfiant ce que tu raconte... WTF...

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  2. Pourtant, je n'ai pas rêvé Mick :)

    Mettons un peu de musique d'ambiance:

    http://www.youtube.com/watch?v=9oU_F0yS-Bo

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  3. J'aime les gangsters, quand ils sont dans des films pour ados et qu'ils chantent des chansons pop.

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  4. Fak à part de tza toi… As-tu aimé mon beau clip d'Elton John?

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  5. Êtes-vous des extra-terrestres m'annonçant exclusivement votre arrivée?

    J'aimerais bin ça. *Fingers crossed*

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  6. Êtes-vous les Chevaliers du 22ième siècle venus rendre visite à l'indigne siècle 21 afin de nous préparer à la coiffe du futur?

    Nous vous attentions, majestés!

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Le 22ième siècle vous remercie de votre présence, et espère que vous passez un agréable moment en compagnie de votre perruque.