dimanche 20 juillet 2014

S'haïr un instant: voyager entre Nelly Arcan et Gabrielle Destroismaisons sans jamais atterrir

Tout à l'heure, j'ai voulu me divertir d'aller chez DQ en m'aplatissant les cheveux. N'ayez crainte, cela n'a pas duré. Quoi que, je ne sois pas non plus allée chez Dairy Queen.

C'est qu'en tenant le fer dans les airs, je me suis rappelée en regardant ma peau dans le reflet du miroir que je suis une vampire. Enfin, non, parce que je ne me verrais juste pas dans le miroir...

Mais je suis tellement caucasienne à l'extrême (une coche avant les albinos) que plusieurs de mes veines sur mes bras sont visibles. Vraiment plus visibles que dans mes souvenirs, faut croire que je ne me regarde pas assez souvent dans le miroir avec les bras nus dans les airs.

J'ai eu alors le réflexe de me trouver freak show, de m'apitoyer sur mon sors, de prier les dieux de l'esthétisme de m'épargner et de m'imaginer trouver des solutions à ce problèmes chez les hommes de sciences et de modifications biologiques. Tout ça en environ 4 ou 5 secondes, ou nano-secondes, je ne sais pas compter.

Cette petite tornade intérieure de ne pas être assez, de ne pas être ce qu'il faut, comme il le faut, qui nous dit qu'on ne doit pas être aimable parce qu'on est unique, cette envie qui jalouse les autres qui souffrent d'autres choses que soi, cette tornade, elle a déraciné quelques-unes de nos plates-bandes.

Puis l'intervention divine tant attendue arriva. Par une idée. Une simile. Par des poissons.

Je me suis dit que les gens normaux qu'on souhaite tous honteusement être, par moment, sont des poissons rouges que l'on apprécie dans le bocal du quotidien, mais que dans la grande plongée de la vie, quand on va faire du snorkeling, ce qu'on veut voir, ce sont des créatures incroyables qu'on n'a jamais blâmé d'être pas comme les autres, de ne pas être ordinaires, pas des poissons de comptoir à cuisine. On veut voir des tentacules, de l'électricité, des formes et des motifs. Le bonheur dépend donc beaucoup plus du choix de masque de plongée imaginaire que tu portes dans la face que la couleur de ta chair de burqa.

Vous me pardonnerez cette allégorie digne des statuts Facebook de Gabrielle Destroismaisons,  mais j'avais presque oublié pendant un instant dans quel improbable cosmos on évolue, et franchement, ils ont failli m'avoir avec leur 21e siècle. I should know better.


samedi 12 juillet 2014

L'aiguiseur et sa clochette

On va régler quelque chose.

 La première fois que j'ai entendu parler de l'aiguiseur de couteaux, j'ai trouvé ça surréel. Depuis, quand j'entends une cloche pas rapport dans les rues, je me dis: c'est l'aiguiseur de couteaux. Je ne vous explique pas ce qu'est l'Aiguiseur avec un grand A à couteaux, puisque depuis que j'ai été mise dans le coup de la connaissance, je suppose que tout le monde est supposé connaître l'aiguiseur, un peu comme tout le monde connait le Bonhomme 7 heures. Le savoir de base en culture générale de la cuisine urbaine, quoi.



Ce soir je l'ai entendu au loin, se rapprochant auditivement, puis j'ai commencé à réfléchir à son commerce. Genre, quel est son chiffre d'affaire?

Est-ce une business steady? 4 saisons?

Est-ce que c'est une tradition de père en fils?

 Sommes-nous Élu aiguiseur de couteaux?

Combien ça coute, et prend-il Interac?

Mais la plus question des questions est : puisque mon contact avec lui n'a toujours été que sonore, comment ferais-je pour le reconnaître, la fois ou je jugerai que j'ai besoin d'un aiguisement de tout urgence? Suis-je supposée sortir sur le balcon en brandissant mes couteaux dans les airs, dans l'espoir qu'il me reconnaisse?

Hey. Je suis revenue. Allô!