mercredi 21 mars 2012

Lettre Sans-Rendez-Vous

Yooo. Hey, j'ai écrit un texte, liké par environ 10 PERSONNES su'l web. Malade.
Je te le retranscris ici, parce que le futur cares


Cher docteur de la clinique médicale du coin,
Salut.
C’t'encore moé! La fille là…tsé?
En passant, ne t’attends pas à débiter ma carte Soleil via cette lettre. Je sais que tu en aurais probablement besoin pour rembourser la quantité de Purell que je me mets sur les mains à chaque visite malencontreuse occasionnelle chez toi.
Ça ne te dérange pas que je t’appelle par ton petit nom, toujours?
J’veux dire, j’appelle Fabienne Larouche “Fab”, je ne vois pas pourquoi tu aurais un traitement de faveur en ce qui concerne ma familiarité déconcertante envers et contre les attentes establishment-esque de plusieurs.
Mon très cher Docteur Chose, MD. Depuis un bout, j’ai essayé de t’accorder un peu de temps, dans mon esprit et même dans mes sentiments. Je n’irai pas par quatre chemins. Je suis sensible à la mode du dénigrement consensuel et quasi inconscient (quoi que parfois très stratégique) de ta noble profession.
Parce qu’on aime ça t’utiliser. On te réclame, parce qu’on a besoin de toi. On ne peut pas vivre sans toi. Ou sinon, si mal.
Mais qu’est-ce qu’on s’en fout de toi au fond. Tu gagnes beaucoup plus cher que moi: déjà là je ne vois pas à quoi tu pensais en croyant qu’on ne s’en rendrait pas compte.
Tu apportes des mauvaises nouvelles.  Mais tu en apportes des bonnes aussi, au fond. Mais la loi de Murphy, c’est impitoyable.
Tu devrais faire attention à ton image publique.
Me semble que ce ne serait pas la mer à boire que de faire un effort en ce sens. On dirait que tu fais exprès qu’on te prenne pour acquis, en nous accueillant chez-toi dès le moindre petit problème de santé. Mets-nous sur des listes d’attente de deux ans, fais-nous payer, mais fais quelque chose!
Tsé, quand je vais chez-toi, je me sens vulnérable. Je suis mal à l’aise. J’ai presque l’impression que j’te dois quelque chose quand je sors de là. Ridicule, non?
Sans parler des désagréments de la présence des autres crottés de mon espèce qui m’échangent leur microbe via un vieux 7 Jours de 1997. Trouvez-vous des patients riches, ça aide toujours au niveau des relations publiques.
On t’aime, tsé. Mais tu sais bien que l’amour et la haine sont si près l’un de l’autre. C’est probablement pour ça que la société te crache dans la face insidieusement au quotidien.Quand je cherche à comprendre ta réalité qui n’est pas mienne , je trouve. Mais je m’y intéresse si peu au fond.
J’ai parlé de toi hier, après avoir longuement réfléchi sur ta situation et ce qu’on en dit, par-ci, et surtout par-là. Mais j’ai aussi parlé de Fab, et on n’a eu de yeux que pour elle dans ce bas monde!
Tu t’es encore fait voler la vedette, mon vieux! Toi, le coeur de l’histoire. Peut-être m’en veux-tu un peu depuis.
J’ai un long extrait de T.S. Eliot en tête. Il a la même énergie que ta salle d’attente avec des bancs turquoises tous croches. C’est tellement beau. Je te laisse là-dessus. Je ne pense pas que la poésie risque de te voler le feu des projecteurs, cette fois. Du moins, ça serait une première mondiale. En plus, c’est en anglais. Yark !
Oh, mais ne te fais pas d’idée. À moi seule, je ne vais rien changer. Mais je vais continuer de t’écrire du courrier d’admiratrice pareil parce que tu le vaux bien. Jusqu’au jour où on va s’intéresser assez à toi pour te passer à la tv dans une série. Parce que je sais que tu as des choses à nous apprendre, sous ton statut de gueux médical des temps modernes.

(…)
No! I am not Prince Hamlet, nor was meant to be; 
Am an attendant lord, one that will do 
To swell a progress, start a scene or two 
Advise the prince; no doubt, an easy tool, 
Deferential, glad to be of use, 
Politic, cautious, and meticulous; 
Full of high sentence, but a bit obtuse; 
At times, indeed, almost ridiculous— 
Almost, at times, the Fool. 
  I grow old . . . I grow old . . .                                             
I shall wear the bottoms of my trousers rolled. 
  Shall I part my hair behind? Do I dare to eat a peach? 
I shall wear white flannel trousers, and walk upon the beach. 
I have heard the mermaids singing, each to each. 
  I do not think they will sing to me. 
  I have seen them riding seaward on the waves 
Combing the white hair of the waves blown back 
When the wind blows the water white and black. 
  We have lingered in the chambers of the sea 
By sea-girls wreathed with seaweed red and brown               
Till human voices wake us, and we drown.
(Photo: www.affichescinema.com)

4 commentaires:

  1. Ceci me rappelle un article de Sophie Côté sur cyberpresse, intitulé 'comment aider son docteur'. Un médecin y va d'une liste de conseils à suivre avant, pendant et après la consultation. Mon préféré: "Ne pas essayer de socialiser avec son médecin"...

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