lundi 7 mai 2012

Le Cabaret des Adieux du dimanche

Au moins une fois par année, je participe au Cabaret des Auteurs du dimanche. 

Il s'agit d'un laboratoire intéressant pour tester des concepts sur un public attentif, à partir d'un mot pigé cette semaine là. Hier soir, mon texte a été lu par un gentil interprète puisque je ne feelais pas assez bien pour me rendre. Le thème imposé était "Adieu".

Alors voici ce que ça donne.

Mes adieux
Adieu, hier.
Cet arrière arrière grand-père.
Je vais m'ennuyer de ton odeur de vers de terre
et de tes promesses d'un autre temps.
Nous allons choisir combien de temps durera le printemps.

J’espère que la révolution ne sera pas comme la fois que j'ai rêvé que je mangeais des Minces aux légumes, pis que j'me suis réveillée avec une boite intacte. Il faudrait les remanger un jour ou l'autre pour réaliser qu'on n'y avait toujours pas goûté.

Mais la révolution goûte autre chose que des Minces aux légumes. Alors si un jour vous marchez dans la rue et avez cette arrière goût en bouche, vous saurez qu'il s'agit d'un piège.

Adieu, 20e siècle, et écrase ta cigarette.
Je vois les masses qui marchent dans les cités urbaines dans l'espoir d'usines à idées,
les travailleurs, sandwichs à la main....qui dine dort, dirait Lucien Bouchard.

Adieu, gens qui ne croyaient pas
Ni en eux, et surtout pas en l'autre
Le jour arrive où le maitre et l'élève s'égaleront.
Ce ne sera peut-être pas demain,
mais cessons de chercher hier.

Adieu, poésie mesurée
L'hiver est dans la grammaire
Dites au revoir aux formules répétées
Que l'on a voulu vous faire aimer
Il n'y a pas de langue plus libre que celle qui se créer
au fur et sans mesure,
Avec beaucoup de nervures,
N'oubliez jamais qu'une langue sans bave ne dit jamais rien de compréhensible.
Et salivez à l'idée des bourdonnements d'oreilles
Mon idée est une abeille qui butine
Dans ta tête. Dans sa tête. Dans ma tête.
Mangez du miel pendant qu'il en reste.

Aujourd'hui, je suis là,
assise sur le divan de la liberté
Possédant la télé-commande des jours illuminés
Je parcours les postes dans l'écran
Je réalise que je possède exactement autant de pays
que de postes différents.
J'aimerais un jour découvrir le Canal D en personne
Cette belle et grande terre de voice-over
Mais il n'est pas offert dans mon forfait
Il faut se rabattre sur le grand bleu
Putain que l'océan est large sur le câble de base
Et au centre, le Canada. Charles Tisseyre
Tu diras salut à ta mère.
Je m'en vais faire des plans
Hors de mon divan
Je me dirige vers le cri de la sécheuse en détresse
Quand le cycle est terminé on dirait un sous-marin de SS
Qui se réveille en pleine nuit et te dit :
HEIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIINNNNNNNNNNNNNNNNNNNN
ALAAAAAARM
Fausse alarme, en fait. J'ai cru que le film Das Boot y vivait.
Va falloir que je sorte plus de chez-nous j'pense.


Ce soir, j'irai à l'épicerie et à travers l'ordre des rangés, j'y entre-verrai le chaos du silence
Entre les chansons stériles et les voix qui chantent trop haut via les parleurs
Hier on voyait la vie avec les yeux du cœur,
Aujourd'hui, ce sera avec le cœur au centre des oreilles
Nous marcherons à travers la climatisation 4 saisons, avec un œil sceptique
Nos regards ne se croiseront pas, mais nous entamerons le même chemin vers la sortie
Déterminés à manger mieux la prochaine fois que nous vivrons ensembles
Good-bye bacon.

Bonjour.
Bonjour à vous, bonjour à nous
Il est 4 heures du matin et Rosemont sent la brioche.
Tout à l'heure il sera 19 heures et Ville St-Laurent deviendra une brioche.
Nous mangerons le West Island en évitant de mordre les Hummers
Ils sont uniquement décoratifs.
Les Hummers et les 4X4 sont le persil dans l'assiette des années deux-mille-dizaine.

Bienvenue à vous, anthropologues du futur nous regardant sous la loupe de l'histoire.
Nous ne sommes pas grand-chose, peut-être même ne sommes nous plus rien
Mais votre regard tardif tend à me rassurer de notre existence présente
Cent fois j'ai rêvé d'un autre monde.
Je ne peux pas vous leurrer, je sais bien qu'il ne sera pas à la porte demain la veille
Il existe en parallèle, toujours, il s'agit de le toucher avec vos orteils.
Quand vous penserez l'avoir trouver, méfiez-vous.
Car il risque de vous glisser d'entre les doigts de pied aussi tôt pris pour acquis.

Il faut faire des au revoir
Il s'agit seulement de choisir lesquels
Car des fois, le purin d'hier est le légume de demain
Et la pomme fraiche d'avant hier, pourriture demain
et le botox d'hier, l'avertissement de demain.


Dire adieu pour un athée
Est chose facile
Le défi relève souvent plus du côté de l'avenir
Croire est une chose facile
Lorsqu'on parle de la fin
Mais qu'en est-il de la suite,
Mais est-il de l'après-fin?
Tout est éternel quand on s'en souvient
Dieu à créé l'Alzheimer pour notre bien
Du moins, croyait-il.
Il faut avouer que c'est assez facile
Pour un créateur reclus
De partir sur une balloune
La maladie n'est rien de plus
Que le flou artistique du narrateur perdu.

J'ai peine à imaginer la vie sans hier, ce jour de merde
C'est comme une peine d 'amour dans un couple dis-fonctionnel. Les adieux sont éternels.
Peut-être que Dieu est un fan d'Éric Lapointe. Ou peut-être qu'Éric Lapointe a kidnappé Dieu et a fait du sors des hommes une chanson de merde.
Peu importe, je trouve ça émouvant,
De penser qu'on peut naitre rockeur de banlieue et finir éternel, mais sans jamais finir rien.
Best career choice ever.


Oh bienvenue, nouveauté et fantôme fraichement nés
Alors que la révolution de la terre sur elle-même court à toute vitesse
Nous n'attentions plus de merveilles
Jusqu'au moment où ma gorgée de vin m'est remontée par l'oreille,
silencieusement, sur Facebook, la veille. 

2 commentaires:

  1. Je note que si le monde était une brioche, il faudrait se dépêcher de le manger... car il rassirait vite, et s'émietterait... et on tomberait.
    s.h.

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    Réponses
    1. On va tomber même en le mangeant :)
      À moins que l'usine à brioches dans Rosemont ne nous sauve!

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Le 22ième siècle vous remercie de votre présence, et espère que vous passez un agréable moment en compagnie de votre perruque.