En route vers Montréal, où elle doit participer à une émission de télévision, je lui demande si elle lit les commentaires des internautes qui la concernent. Le web peut être sans pitié pour les vedettes, à une époque où leurs moindres faits et gestes sont épiés par des paparazzi amateurs. Réponse: oui, elle se «google»...
«Je lis pas mal tout ce qui s'écrit sur moi. À la longue, je me suis fait une carapace. Ce qui m'écoeure le plus, c'est de lire que je n'ai pas été gentille avec quelqu'un. Après les enregistrements de La fureur, j'ai signé des autographes tous les vendredis soir pendant cinq ans. Il y avait une table, les gens faisaient la file et je signais des photos. Je l'ai fait tout le temps, même quand j'étais malade ou pressée. Ça me fait beaucoup de peine de lire que je ne suis pas gentille. Ça m'enrage parce que c'est faux! Les gens peuvent dire qu'ils ne me trouvent pas bonne, qu'ils me voient trop partout, qu'ils haïssent mon look, que je les énerve ou que j'ai l'air prétentieuse; c'est gratuit, mais je peux vivre avec ça. Les gens ont le droit à leur opinion et ce n'est pas tout le monde qui m'aime. Il y a longtemps que j'ai compris ça. Mais dire qu'on m'a croisée au centre commercial et que je n'ai pas été polie, c'est faux!»
Quel ne fut pas mon malaise de lire ces paroles et d'en venir au VERDICT, comme quoi ces mots me semblent pour le moins mensongers...
Sans vouloir faire de la peine à cette grande dame qui n'est pas nécessairement reconnue pour son amour des idées futures, je vais vous raconter la provenance de mon objection face à la thèse de la défense, voulant qu'elle soit gentille à temps plein.
Premièrement, personne n'est gentil à temps plein, même pas l'équipe de TLMEP, aussi complaisante sera-t-elle déclarée jusqu'à la fin des Temps.
Deuxio, ceux qui ont déjà reçu une correspondance de ma part seront témoins que je suis susceptible de dire à peu près n'importe quoi à n'importe qui: surtout quand je m'ennuie... ce qui fait en sorte que je m'ennuie au fond très peu. Donc...vous me suivez toujours?
Remontons à l'année 2005-2006. Véronique Cloutier anime un show de marde à Radio-Can. C'était tellement un show de marde, que j'avais pris goût à l'écouter, un peu comme Des Kiwis et des Hommes durant la saison Jean-Nic Verreault VS le burn-out de Francis Reddy.
Il est crucial pour le lecteur de noter que j'avais à ce moment subit une opération, et passé non moins de 4 mois sur le cul à prendre du dilaudid Che-Nous, faisant tout à distance, sauf écouter le show de marde de Véro: je le faisais quotidiennement à 4 pieds du téléviseur, sur le cul et sur les dilaudids.
C'est devenu particulièrement métaphysique pendant un certain temps... je trouvais ça profond de composer un essai sur Claude Gauvreau et Artaud en écoutant Coral Egan performer devant 12 spectateurs sur le plateau du Véro Show. Je commençais vraiment à la trouver sympathique avec tout ça... sans jamais l'avoir ni détesté, ni adulé. Elle était quand même une meilleure VJ que Paul Sarrazin, il faut lui donner ça. Quoi que...Paul is Paul.
Bon, je m'éloigne. Revenons aux antidouleurs et au show de celle qu'on appelle trop souvent "Véro". Donc je pense qu'il soit possible qu'à un moment ou un autre, j'ai été prise d'idées de grandeur après avoir pris ma médication 8X plus forte que la morphine. C'est très probablement à ce moment-là que je me suis dis: Fuck, pauvre Véro! Ya juste des victimes monoparentales et les filles sur le dilaudid qui sont là pour elle. Il me semble qu'en plus de ça elle a non seulement des invités malaisants, mais les courriels de fans sont vraiment too much poches. Je vais lui montrer qu'il y a du monde sur forte médication qui ont "bin de l'allure" à l'écoute: ainsi elle aura peut-être éventuellement l'air d'avoir du plaisir à faire ce travail...
Alors je lui écris un assez volubile courriel, parce que je ne fais pas exprès de continuer de coller un mot après l'autre. En gros, je lui fais des salutations du genre "j'écoute ton show sur le dilaudid", je lui fait une mini-bio question qu'elle sache un peu à qui elle fait affaire, je lui mentionne mes études en cours à l'époque, et j'ajoute une de mes typiques phrases : "je m'intéresse à l'écriture de..." ou bien "j'ai un projet de..." juste parce que c'était vrai et que j'étais encore assez naïve pour croire que ça l'intéressait de savoir. Je lui ai lancé à la blague que si elle était toujours en onde quand j'aurais terminé mon éternel projet procrastinatoire flou en construction perpétuelle, et bien il me ferait plaisir d'aller lui présenter en tant que fidèle consommatrice d'antidouleurs, mais aussi de sa quotidienne, pour cause de léthargie absolue.
Je peux pas croire que je vous explique toutes les subtilités de ce contexte, quand le punch final est juste celui-ci:
Non seulement V.C. n'a jamais daigné confirmer de réception la chose, ce qui selon mon verdict, est dans son droit; elle a surtout commencé son show de marde du lendemain en disant: "faut quand même pas un doctorat pour comprendre ça" en parlant de je sais pas quoi dans son show de marde, en faisant une face de cul, fru.
Eh...?!
Serait-ce le dilaudid qui me provoque des hallucinations auditives? Il me semble bien que jamais V.C. ne parle d'études supérieures... si ce n'était de mon courriel écrit sur le dilaudid la veille qui en fait légèrement mention...je ne crois pas que ça lui vienne de son chum non plus cette phrase-là...
Contrairement à ce que certains pourraient suspecter, je suis la moins élitiste des graduées de ma batch, et je ne lui avais pas écrit: "na na na na j'ai des prêts et bourses et même pas toi" !
De plus, je suis également pas mal certaine d'être la seule dans son auditoire à avoir été sur le dilaudid tout en ayant certaines années d'éducation (malgré mes fautes d'orthographe), mais je n'étais certainement pas la seule auditrice sur le dilaudid à l'époque... (J'ignore d'ailleurs qui a pris le relais depuis...?)
Wow ! C'est donc bin vache, me dis-je, quand j'y repense en lisant cette chronique tellement nulle de Cassivi, que j'ose y voir un énorme 22ième niveau d'humour de caché dans ce texte-là: je finis par le trouver vraiment exquis ce publi-reportage du journaliste... (Kudos pour la citation sur l'opération au genou, un chef d'oeuvre intemporel!)
Donc je disais: c'est VACHE !
Prenez une petite étudiante juvénile pleine d'espoir et de capsules de dilaudid, et faites-lui savoir votre complexe d'infériorité face à votre propre niveau d'éducation en déficit, et vous serez à votre tour une V.C. qui dans un propos à demi assumé, fait une référence bête à des années universitaires randoms devant le reste de son auditoire monoparentale, et\ou, provenant des Résidences Soleil qui n'y voient que du feu malgré leurs nombreuses cataractes.
Au fond, elle n'a pas osé me répondre par email son réel message qui fut tout de même bien reçu:
Chère conne, je m'en calice de tes ambitions, de tes dilaudids, de mon émission ainsi que de tes frais de scolarité. Ne m'écris plus jamais car sinon tu auras droit à une plainte pour harcèlement. Je te déteste profondément sous ma repousse de teinture.
-Véro xx
Même pas capable de faire ça comme du monde...
À la place, elle a opté pour la décharge ultra détournée non-avouée à laquelle il est facile de ne jamais faire face par trouillardise, en supposant que l'autre a mal interprété.... Wo! Faudrait pas sous-estimer mon calibre d'analyste des intentions méchantes des gens.
Puisqu'elle lira ce texte d'ici 3 mois en se "googlant", ça me fait vraiment plaisir de lui faire savoir que mon Verdict à moi, c'est que 100% de la personne sondée par notre sondeur trouve que Véro n'est même pas une vraie fausse gentille. C'est juste une fille qui veut être aimée malgré son sentiment de non-accomplissement intellectuel sur diplôme. C'est fucking pas la même affaire...C'est une fausse fausse gentille. Ou peut-être est-elle une fausse vraie gentille...?
Je crois que je me laisse berner par son image en lui accordant ce bénéfice du doute, main sur le coeur. Bof.
Désormais, j'ai appris de cette grossière erreur de jeunesse: je ne lui accorderai que le doute.
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