Au moins une fois par année, je participe au Cabaret des Auteurs du dimanche.
Il s'agit d'un laboratoire intéressant pour tester des concepts sur un public attentif, à partir d'un mot pigé cette semaine là. Hier soir, mon texte a été lu par un gentil interprète puisque je ne feelais pas assez bien pour me rendre. Le thème imposé était "Adieu".
Alors voici ce que ça donne.
Mes
adieux
Adieu,
hier.
Cet
arrière arrière grand-père.
Je
vais m'ennuyer de ton odeur de vers de terre
et
de tes promesses d'un autre temps.
Nous
allons choisir combien de temps durera le printemps.
J’espère
que la révolution ne sera pas comme la fois que j'ai rêvé que je
mangeais des Minces aux légumes, pis que j'me suis réveillée avec
une boite intacte. Il faudrait les remanger un jour ou l'autre pour
réaliser qu'on n'y avait toujours pas goûté.
Mais
la révolution goûte autre chose que des Minces aux légumes. Alors
si un jour vous marchez dans la rue et avez cette arrière goût en
bouche, vous saurez qu'il s'agit d'un piège.
Je
vois les masses qui marchent dans les cités urbaines dans l'espoir
d'usines à idées,
les
travailleurs, sandwichs à la main....qui dine dort, dirait Lucien
Bouchard.
Ni
en eux, et surtout pas en l'autre
Le
jour arrive où le maitre et l'élève s'égaleront.
Ce
ne sera peut-être pas demain,
mais
cessons de chercher hier.
L'hiver
est dans la grammaire
Dites
au revoir aux formules répétées
Que
l'on a voulu vous faire aimer
Il
n'y a pas de langue plus libre que celle qui se créer
au
fur et sans mesure,
Avec
beaucoup de nervures,
N'oubliez
jamais qu'une langue sans bave ne dit jamais rien de compréhensible.
Et
salivez à l'idée des bourdonnements d'oreilles
Mon
idée est une abeille qui butine
Dans
ta tête. Dans sa tête. Dans ma tête.
Mangez
du miel pendant qu'il en reste.
Aujourd'hui,
je suis là,
assise
sur le divan de la liberté
Possédant
la télé-commande des jours illuminés
Je
parcours les postes dans l'écran
Je
réalise que je possède exactement autant de pays
que
de postes différents.
J'aimerais
un jour découvrir le Canal D en personne
Cette
belle et grande terre de voice-over
Mais
il n'est pas offert dans mon forfait
Il
faut se rabattre sur le grand bleu
Putain
que l'océan est large sur le câble de base
Et
au centre, le Canada. Charles Tisseyre
Tu
diras salut à ta mère.
Je
m'en vais faire des plans
Hors
de mon divan
Je
me dirige vers le cri de la sécheuse en détresse
Quand
le cycle est terminé on dirait un sous-marin de SS
Qui
se réveille en pleine nuit et te dit :
HEIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIINNNNNNNNNNNNNNNNNNNN
ALAAAAAARM
Fausse
alarme, en fait. J'ai cru que le film Das Boot y vivait.
Va
falloir que je sorte plus de chez-nous j'pense.
Ce
soir, j'irai à l'épicerie et à travers l'ordre des rangés, j'y
entre-verrai le chaos du silence
Entre
les chansons stériles et les voix qui chantent trop haut via les
parleurs
Hier
on voyait la vie avec les yeux du cœur,
Aujourd'hui,
ce sera avec le cœur au centre des oreilles
Nous
marcherons à travers la climatisation 4 saisons, avec un œil
sceptique
Nos
regards ne se croiseront pas, mais nous entamerons le même chemin
vers la sortie
Déterminés
à manger mieux la prochaine fois que nous vivrons ensembles
Good-bye
bacon.
Bonjour.
Bonjour
à vous, bonjour à nous
Il
est 4 heures du matin et Rosemont sent la brioche.
Tout
à l'heure il sera 19 heures et Ville St-Laurent deviendra une
brioche.
Nous
mangerons le West Island en évitant de mordre les Hummers
Ils
sont uniquement décoratifs.
Les
Hummers et les 4X4 sont le persil dans l'assiette des années
deux-mille-dizaine.
Bienvenue
à vous, anthropologues du futur nous regardant sous la loupe de
l'histoire.
Nous
ne sommes pas grand-chose, peut-être même ne sommes nous plus rien
Mais
votre regard tardif tend à me rassurer de notre existence présente
Cent
fois j'ai rêvé d'un autre monde.
Je
ne peux pas vous leurrer, je sais bien qu'il ne sera pas à la porte
demain la veille
Il
existe en parallèle, toujours, il s'agit de le toucher avec vos
orteils.
Quand
vous penserez l'avoir trouver, méfiez-vous.
Car
il risque de vous glisser d'entre les doigts de pied aussi tôt pris
pour acquis.
Il
faut faire des au revoir
Il
s'agit seulement de choisir lesquels
Car
des fois, le purin d'hier est le légume de demain
Et
la pomme fraiche d'avant hier, pourriture demain
et
le botox d'hier, l'avertissement de demain.
Dire
adieu pour un athée
Est
chose facile
Le
défi relève souvent plus du côté de l'avenir
Croire
est une chose facile
Lorsqu'on
parle de la fin
Mais
qu'en est-il de la suite,
Mais
est-il de l'après-fin?
Tout
est éternel quand on s'en souvient
Dieu
à créé l'Alzheimer pour notre bien
Du
moins, croyait-il.
Il
faut avouer que c'est assez facile
Pour
un créateur reclus
De
partir sur une balloune
La
maladie n'est rien de plus
Que
le flou artistique du narrateur perdu.
J'ai
peine à imaginer la vie sans hier, ce jour de merde
C'est
comme une peine d 'amour dans un couple dis-fonctionnel. Les
adieux sont éternels.
Peut-être
que Dieu est un fan d'Éric Lapointe. Ou peut-être qu'Éric Lapointe
a kidnappé Dieu et a fait du sors des hommes une chanson de merde.
Peu
importe, je trouve ça émouvant,
De
penser qu'on peut naitre rockeur de banlieue et finir éternel, mais
sans jamais finir rien.
Best
career choice ever.
Oh
bienvenue, nouveauté et fantôme fraichement nés
Alors
que la révolution de la terre sur elle-même court à toute vitesse
Nous
n'attentions plus de merveilles
Jusqu'au
moment où ma gorgée de vin m'est remontée par l'oreille,
silencieusement,
sur Facebook, la veille.
Je note que si le monde était une brioche, il faudrait se dépêcher de le manger... car il rassirait vite, et s'émietterait... et on tomberait.
RépondreSupprimers.h.
On va tomber même en le mangeant :)
SupprimerÀ moins que l'usine à brioches dans Rosemont ne nous sauve!